Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est un document essentiel pour tout propriétaire ou locataire d'un bien immobilier en France. Il permet d'évaluer la performance énergétique d'un logement et de le classer selon une échelle allant de A (très performant) à G (très énergivore). Le DPE est basé sur deux indicateurs clés : l'énergie primaire et l'énergie finale. Ces deux concepts, bien qu'étroitement liés, ne sont pas équivalents et leur compréhension est cruciale pour interpréter correctement les informations contenues dans un DPE.

L'énergie primaire : un concept global, mais peu pertinent pour le consommateur

L'énergie primaire est l'énergie brute extraite de la nature. Elle représente la quantité d'énergie disponible avant toute transformation ou transport. En d'autres termes, c'est l'énergie brute extraite des ressources naturelles, comme le pétrole, le gaz naturel, le charbon, l'uranium, le bois, le soleil ou le vent. L'énergie primaire est mesurée en kilowattheures (kWh). Les principales sources d'énergie primaire en France sont :

  • Le nucléaire : L'énergie nucléaire représente environ 70% de la production d'électricité française. Elle est issue de la fission nucléaire de l'uranium.
  • Les énergies renouvelables : Les énergies renouvelables, comme l'éolien, le solaire, l'hydraulique et la biomasse, représentent une part croissante de la production d'énergie en France.
  • Le gaz naturel : Le gaz naturel est principalement utilisé pour le chauffage des logements et la production d'électricité.
  • Le pétrole : Le pétrole est utilisé pour le transport routier et aérien, ainsi que pour la production de produits pétrochimiques.
  • Le charbon : Le charbon est utilisé pour la production d'électricité.

Le concept d'énergie primaire est souvent complexe à appréhender pour le consommateur car il ne reflète pas la quantité d'énergie réellement consommée par le bâtiment. L'énergie primaire ne tient pas compte des pertes énergétiques liées à la transformation et au transport de l'énergie. Par exemple, le gaz naturel utilisé pour le chauffage d'un logement nécessite une extraction, un transport par pipeline et une transformation avant d'être utilisé. Ces étapes entraînent des pertes énergétiques importantes qui ne sont pas prises en compte dans l'énergie primaire. Ainsi, l'énergie primaire ne donne pas une image précise de la performance énergétique réelle du bâtiment.

L'énergie finale : un indicateur plus pertinent pour l'utilisateur

L'énergie finale, également appelée énergie consommée, est la quantité d'énergie effectivement utilisée par le bâtiment. Elle est mesurée en kilowattheures (kWh) et correspond à l'énergie réellement consommée pour le chauffage, l'eau chaude, la ventilation, l'éclairage et les appareils électroménagers. Cette énergie correspond à l'énergie qui arrive au point de consommation final, c'est-à-dire au bâtiment.

L'énergie finale est un indicateur plus pertinent pour le consommateur car elle lui permet d'évaluer la performance énergétique réelle du bâtiment et les économies d'énergie possibles. En effet, l'énergie finale prend en compte les pertes énergétiques liées à la transformation et au transport, ce qui permet d'avoir une meilleure compréhension de la consommation réelle du bâtiment. Par exemple, pour un logement chauffé au gaz naturel, l'énergie finale correspondra à la quantité de gaz naturel effectivement brûlée par la chaudière pour chauffer l'habitation.

Prenons l'exemple d'une maison de 100 m² située à Paris. Son DPE indique une consommation d'énergie primaire de 150 kWh/m²/an et une consommation d'énergie finale de 120 kWh/m²/an. Cela signifie que 30 kWh/m²/an sont perdus lors du transport et de la transformation de l'énergie primaire en énergie finale. L'énergie finale, qui représente la consommation réelle de la maison, est donc plus pertinente pour évaluer la performance énergétique du logement et les économies d'énergie possibles.

Décryptage du DPE et de l'énergie finale

Le DPE prend en compte plusieurs éléments pour calculer l'énergie finale d'un logement :

  • La surface habitable du bâtiment : La surface habitable est mesurée en mètres carrés (m²).
  • Le type de chauffage : Le type de chauffage utilisé (chaudière gaz, pompe à chaleur, etc.) a un impact significatif sur la consommation énergétique du bâtiment.
  • Le niveau d'isolation du bâtiment : Un bon niveau d'isolation permet de réduire les pertes de chaleur et donc la consommation énergétique du bâtiment.
  • La consommation énergétique par usage : Le DPE analyse la consommation énergétique pour chaque usage du bâtiment, notamment pour le chauffage, l'eau chaude, la ventilation et l'éclairage.

Le DPE fournit une étiquette énergétique qui classe le bâtiment selon une échelle de A à G, A étant le plus performant. Il fournit également une estimation des coûts énergétiques annuels, ce qui permet au consommateur de comparer les logements en fonction de leur consommation d'énergie. L'énergie finale est un élément clé du DPE et elle est de plus en plus mise en avant dans les diagnostics énergétiques.

L'énergie finale est également influencée par les comportements individuels des occupants du logement. Par exemple, une utilisation excessive du chauffage ou de l'eau chaude augmentera la consommation d'énergie finale. Il est donc important de privilégier des comportements énergétiques responsables afin de réduire la consommation énergétique et les coûts associés. Des gestes simples comme baisser le chauffage la nuit, éteindre les lumières en quittant une pièce ou prendre des douches plutôt que des bains peuvent avoir un impact notable sur la consommation d'énergie finale d'un logement. Les comportements individuels ont donc un impact direct sur l'énergie finale consommée par un logement.

Vers une meilleure communication de l'énergie finale

La communication actuelle du DPE présente certaines limites, notamment :

  • Le manque de clarté sur la distinction entre énergie primaire et énergie finale.
  • La difficulté à traduire l'impact de l'énergie finale sur le portefeuille du consommateur.

Il est important d'améliorer la communication du DPE pour rendre l'information plus accessible et plus compréhensible pour les consommateurs. Cela pourrait passer par :

  • La simplification du langage utilisé dans le DPE et la mise en avant de l'énergie finale.
  • Le développement d'outils pédagogiques pour expliquer la différence entre énergie primaire et énergie finale.
  • La mise en avant des économies d'énergie possibles grâce à des solutions d'amélioration énergétique.

En France, la performance énergétique des bâtiments est un enjeu majeur pour la transition énergétique. La compréhension de l'énergie finale, un indicateur pertinent et accessible aux consommateurs, est donc cruciale pour aider les propriétaires et les locataires à prendre des décisions éclairées en matière de performance énergétique. En améliorant la communication autour de l'énergie finale et en sensibilisant les consommateurs à son importance, on encourage les efforts d'amélioration énergétique des bâtiments et on contribue à la lutte contre le changement climatique.